Je ne veux pas que mon fils soit tolérant

 

Il y a quelques semaines, je mesurais la bravoure d’une jeune femme qui témoignait d’un mode de vie, le sien, n’affectant rien, ni personne. Concernant sa vie amoureuse et sa sexualité. La capsule vidéo où elle témoignait a fait l’objet d’un tollé et de réactions très violentes.

Rien de nouveau au soleil, me direz-vous. Depuis l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, la toile sert de défouloir aux haineux, aigris et autres « méchants » qui usent de leurs libertés d’écrire pour blesser, égratigner, déverser hargne, vulgarité et bêtise.

Je me suis dit Baldwin est mort. Lui seul aurait pu trouver les mots. Qui suis-je ? Est-ce que je suis capable de sortir de mon émotion, de mon indignation aussi ? Pourquoi cette femme qui parlait d’amour et reflétait une réalisation de soi, une forme de sérénité devait se prendre cette volée de jugements à l’emporte-pièce et cette intolérance péremptoire.

J’ai toujours été réfractaire au discours sur la tolérance. Il faudrait tolérer l’Autre, c’est abominable. Tolérer c’est se mettre en point de comparaison. Je tolère ta différence par rapport à moi, car je suis l’ultime référence à travers laquelle je juge les autres … Non.

L’Autre est. Point final. Pourquoi devoir le mesurer à moi, ce moi érigé en norme et ensuite à défaut de l’accepter, le tolérer. Car la tolérance est un palliatif à l’acceptation et l’amour. Respect et Amour qu’exigent les religions pour faire lien, tu aimeras ton prochain comme toi-même, impératif terrible pour qui comprend l’étendue du commandement.

Il faut pouvoir accepter l’existence de l’Autre comme autre justement, avec des choix autres que les siens, des cultures et des modes de vie autres. Si ces choix n’impliquent pas de restreindre l’intégrité physique, la liberté d’un autre, évidemment.

Ensuite ce qui jugent et condamnent au nom de leur foi, rappelez-vous que le fondement des religions c’est la paix et la cohésion basée sur … Sur l’Amour ! Chez les chrétiens , on condamne le « ne juge pas et tu ne seras pas jugé » sans équivoque . il y a l’ultime «  Aime ton prochain comme toi-même «  terrible à appliquer pour tous et que je propose de remplacer par Sois indulgent et bienveillant avec toi et les autres. Vouloir le bien de l’Autre, pas l’aimer, c’est dur aimer tout le monde, trop ambitieux. Vouloir le bien de tout le monde, même de celui qui vous a fait une sacrée crasse. C’est un pas contre la défiance, l’indifférence et pour le mieux être de tous. Nous ne sommes pas bons naturellement il faut forcer un peu la raison, nous sommes tournés vers nous-mêmes , alors il faut décentrer . Sortir de soi, humaniser son regard. Que chacun puisse se réaliser, chercher sa petite part de bonheur sous le regard encourageant et bienveillant de tous.

Il faut qu’on libère la prochaine génération de cette dictature de la norme, qui broie et brise ceux qui sont plus petits , qui aiment autrement, qui sont à fleur de peau, pas viril, pas féminine , pas riche , pas grand, pas ambitieux, pas carriériste, trop noir, trop clair, sans bras , en fauteuil, alité, avec plus de chromosomes, avec moins , avec trop de poils , avec trop de manières, avec trop de vêtements , avec les seins à l’air, sensibles , apathique , trop fashion, sans tifs , avec des tifs en plastique …

Alors non, je ne veux pas que mon fils soit tolérant, je veux qu’il soit bienveillant.

 

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